Anne BERTOIN

STRESS TEST
Extrait de l’exposition du 25 janvier au 3 mars 2018

Ni soleil, ni lune
Un monde sans repères
Extrait de l’exposition du 17 mars au 7 mai 2016

Géographies marginales
Extrait de l’exposition du 30 janvier au 15 mars 2014

STRESS TEST

Dans les domaines de l’ingénierie, de la sécurité ou de la finance, des tests de résistance permettent de mesurer la fiabilité de structures telles que celles des immeubles, aéroports ou institutions financières afin de les améliorer en imaginant comment celles-ci réagiraient en période de crise.
Notre monde est traversé de lignes de faille, annonciatrices de graves perturbations. Serons-nous encore capables de les traverser ?

Dans ces nouvelles peintures, Anne Bertoin parle d’un univers fragilisé mais aussi résilient. La destruction y est présente : montagnes de cendres parcourues de flammèches, porche balayé de poussières, déflagrations, vallée fluviale devenue un désert de neige… Cependant, tapis, perles et trésors, invisibles au premier regard, apparaissent parmi les débris, côtoient les fosses et les rebuts. L’astronaute porte le malade dans la nuit, le reporter témoigne du front, l’obscurité scintille… Comme si, parce qu’il pouvait produire des richesses, le chaos avait un sens et semblait avoir trouvé sa place dans l’ordre du monde : celle du changement et du renouveau.

Anne Bertoin
Janvier 2018

TOPOLOGIES INCERTAINES

Face aux grands paysages ou espaces intérieurs (usines, bâtiments industriels…) d’Anne Bertoin, nous sommes d’abord comme stoppés dans notre “élan de voir”. Arrêtés par un rideau de coulures, de taches neigeuses, de traînées désordonnées… Cet empêchement pictural est aussi une invitation à baisser les armes affûtées de la perception et de la conscience, à s’avancer sans repères au sein d’espaces étrangement inquiétants, de ruines, de traces chaotiques de l’inconscient, d’une topologie du rêve… « Le Rêve est une seconde vie écrit Gérard de Nerval dans Aurélia. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible… Nous ne pouvons déterminer l’instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l’œuvre de l’existence. C’est un souterrain vague qui s’éclaire peu à peu, et où se dégagent de l’ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes… » Une fois ce seuil initiatique et plastique franchi, nous découvrons des lieux dévastés, des forêts déchiquetées et tourmentées et des usines abandonnées, où la présence humaine se réduit à une ou deux silhouettes à peine perceptibles. L’ombre romantique du peintre allemand Caspar David Friedrich y rôde. Celle de son compatriote contemporain Anselm Kiefer aussi.

NO MAN’S LAND

« Mon travail repose sur l’idée de “trace mnésique” écrit Anne Bertoin. A mi-chemin entre le conscient et l’inconscient, le tableau conduit le spectateur dans un no man’s land imaginaire où l’histoire individuelle cède la place à l’histoire collective ». Histoire collective faite ici de forces qui nous dépassent et de catastrophes indéterminées du passé.
Née à Lyon en 1963, diplômée des Beaux-Arts de Paris, Anne Bertoin a passé une grande partie de sa vie au Canada. Les grands espaces de ce pays imprègnent fortement ses toiles, emportent au loin sa psyché et ses références autobiographiques. Et l’on pense beaucoup en découvrant ses œuvres à un autre artiste ayant vécu au Canada et qui transforme ses paysages en espaces mentaux traversés d’étrangeté : l’Ecossais Peter Doig. Ce dernier peint lui aussi des atmosphères troubles s’appuyant sur des effets picturaux de coulures, où les choses demeurent indécises, équivoques, entre apparition et disparition. «Des formes émergent d’un tourbillon de taches poursuit Anne Bertoin, de drippings abstraits : ruines, rochers, routes, arbres, êtres humains ; elles portent par transparence les traces de plusieurs mémoires, époques et lieux, luttant pour ne pas retourner au chaos dont elles viennent de sortir». Une expérience sensorielle qui s’avère des plus troublantes.

JEAN-EMMANUEL DENAVE
Le Petit Bulletin Lyon nº 746
pour l’exposition 2014 d’Anne BERTOIN à GALERIE 48

Biographie

Née en 1963 à Lyon en France, vit et travaille à Paris.

1995 Licence en Studio Art, Université Concordia, Montréal, Canada
1982 – 86 École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris

Anne Bertoin a vécu au Canada à Montréal de 1988 à 2012 ; elle y a exposé régulièrement depuis 1995 ainsi que dans la province de Québec et à Toronto. Depuis 2006 elle a montré ses œuvres à plusieurs reprises en France, notamment à Paris, à Lyon et en région Rhône-Alpes. Elle s’est installée à Lyon en 2013.

Expositions personnelles récentes
2018 “STRESS TEST” GALERIE48, Lyon
2016 “Les luttes invisibles” Galerie Le Réalgar, Saint-Étienne
2016 “Ni soleil, ni lune” Un monde sans repères , GALERIE48, Lyon
2015 “Disruptive Scenarios” ARTroom Galerie, Fürth, Allemagne
2014 “Géographie marginales” GALERIE48, Lyon
A Topology of Memory, LIA, Leipzig, Allemagne
Tout va bien, Commissaire J.-M. Marchais, Quai Est, Ivry/Seine
2013 “L’orage suspendu” Galerie Realgar, Saint-Étienne
2011 “Périphéries” Galerie L’œil écoute, Lyon
“Anne Bertoin” Galerie Uni-ver, Paris
“Détours” Galerie CROUS/Beaux-Arts, Paris
2010 “Turbulence” (artiste invitée), Galerie Roccia, Montréal, Canada
2010 – 09 “Nomades” Expos Collectives itinérantes dans 11 musées du Québec, Canada
2009 “En temps et lieu…” Galerie d’art d’Outrement, Montréal, Canada
Expositions collectives plus récentes
2017 ART Papier, SLBA, Lyon, France
2017 “Challenge Egregore” Galerie Egregore, Marmande, France
2016 “Le huitième paysage” atelier des Charrons, Saint-Étienne, France
Printemps des arts, SLBA, Lyon
Collections publiques et corporatives, commandes privées
Université de Montréal, Canada
Loto-Québec, Canada
Thannberger & Cie, Paris
Peinture-décor de théâtre de C.-A. Willering, Théâtre de Nesle, Paris (2010)
Murale Art-Déco de 3 X 14 m pour “La grande brasserie”, Montréal, Canada (2000)
Une trentaine de murales dans 12 magasins Bata au Québec et en Ontario (1995 – 2000)